vendredi 21 janvier 2022

Texte 2: Deux héroïnes face à Pyrrhus

 

Texte 2 : Deux héroïnes face à Pyrrhus

Pyrrhus a accepté d’épouser Hermione et de livrer Astyanax aux Grecs. Alors qu’il vient parler à Hermione, avec son confident Phœnix, il rencontre par hasard Andromaque, accompagnée de Céphise.

Texte écho : Jean Racine, Andromaque (1667)

Hermione apprend que Pyrrhus préfère épouser Andromaque par amour plutôt qu’elle-même par devoir.

PYRRHUS, à Phœnix – Où donc est la princesse1 ?
Ne m’avais-tu pas dit qu’elle était en ces lieux ?
PHŒNIX. – Je le croyais.
ANDROMAQUE, à Céphise – Tu vois le pouvoir de mes yeux2.
PHYRRUS. – Que dit-elle, Phœnix ?
ANDROMAQUE. – Hélas ! tout m’abandonne.
PHŒNIX. – Allons, Seigneur, marchons sur les pas d’Hermione.
CÉPHISE. – Qu’attendez-vous ? Rompez ce silence obstiné.
ANDROMAQUE. – Il a promis mon fils.
CÉPHISE. – Il ne l’a pas donné.
ANDROMAQUE. – Non, non, j’ai beau pleurer, sa mort est résolue.
PYRRHUS. – Daigne-t-elle sur nous tourner au moins la vue ? Quel orgueil !
ANDROMAQUE. – Je ne fais que l’irriter encor. Sortons.
PYRRHUS. – Allons aux Grecs livrer le fils d’Hector.
ANDROMAQUE. – Ah ! Seigneur, arrêtez ! Que prétendez-vous faire ?
Si vous livrez le fils, livrez-leur donc la mère.
Vos serments m’ont tantôt juré tant d’amitié :
Dieux ! ne pourrai-je au moins toucher votre pitié ?
Sans espoir de pardon m’avez-vous condamnée ?
PYRRHUS. – Phœnix vous le dira, ma parole est donnée.
ANDROMAQUE. – Vous qui braviez pour moi tant de périls divers !
PYRRHUS. – J’étais aveugle alors : mes yeux se sont ouverts.

Jean Racine, Andromaque, acte III, scène 6, 1667.
HERMIONE. – Je ne t’ai point aimé, cruel ? Qu’ai-je donc fait ?
J’ai dédaigné pour toi les vœux de tous nos princes ;
Je t’ai cherché moi-même au fond de tes provinces ;
J’y suis encor, malgré tes infidélités,
Et malgré tous mes Grecs honteux de mes bontés.
Je leur ai commandé de cacher mon injure ;
J’attendais en secret le retour d’un parjure ;
J’ai cru que tôt ou tard, à ton devoir rendu,
Tu me rapporterais un cœur qui m’était dû. […]
Vous1 ne répondez point ? Perfide, je le voi2,
Tu comptes les moments que tu perds avec moi !
Ton cœur, impatient de revoir ta Troyenne,
Ne souffre3 qu’à regret qu’une autre t’entretienne.
Tu lui parles du cœur, tu la cherches des yeux.
Je ne te retiens plus, sauve-toi de ces lieux :
Va lui jurer la foi que tu m’avais jurée,
Va profaner des Dieux la majesté sacrée.
Ces Dieux, ces justes Dieux n’auront pas oublié
Que les mêmes serments avec moi t’ont lié.
Porte aux pieds des autels ce cœur qui m’abandonne ;
Va, cours. Mais crains encor d’y trouver Hermione.
Jean Racine, Andromaque, acte IV, scène 5, 1667.

1. Pyrrhus parle d’Hermione.
2. Alors qu’Andromaque suppliait Hermione de sauver son fils, celle-ci lui a répondu : « S’il faut fléchir Pyrrhus, qui le peut mieux que vous ? / Vos yeux assez longtemps ont régné sur son âme. » (III, 4)

1. Hermione vouvoie Pyrrhus.
2. Le -s final de la première personne se prononce encore au XVIIe siècle. Pour la rime, on ne l’écrit donc pas dans les textes versifiés.
3. Supporte.



Deux héroïnes face à Pyrrhus

Texte 2

Jean Racine, Andromaque, acte III, scène 6, 1667.

Texte écho

Jean Racine, Andromaque, acte IV, scène 5, 1667. 

Objectif

·               Étudier l’expression du furor et du dolor.

Éclairage

·               Dans son analyse des tragédies latines de Sénèque, Florence Dupont définit deux états du héros tragique : le dolor puis le furor. Le dolor est une souffrance morale insurmontable ; le personnage la subit sans toutefois perdre sa dignité. Le furor, qui se nourrit du dolor, est une colère infinie, une rage telle que le personnage sort de sa condition humaine pour devenir un monstre.

·               Andromaque, mise en scène de Muriel Mayette-Holtz, avec Cécile Brune (Andromaque), Éric Ruf (Pyrrhus) et Céline Samie (Céphise), Comédie-Française (salle Richelieu), Paris, 2010.

·               https://www.youtube.com/watch?v=G9HVF-ICgRo

·               Andromaque fin de l'acte III, scène 8

1. Comparez les deux extraits sur le fond (thèmes, situations, attitudes) et sur la forme (ton, types de répliques).

·               Extrait principal: un dialogue, quatre personnages, enchaînement rapides des répliques ( stichomythies).

·               Apartés entre les deux couples maître/confident, ce n’est donc pas un dialogue mais plutôt deux dialogues parallèles.

·               Voir vers 7…

·               A partir de vers 11, un troisième dialogue se met en place…

·               Au contraire, le texte écho est une tirade d’Hermione qui s’adresse à Pyrrhus.

·               Deux personnages présents sur scène.

·               Hermione monopolise la parole.

·               Longue tirade qui s’oppose au rythme rapide du texte principal.

·               Un point commun entre les deux: La mise en scène d’une héroïne tragique.

·               Andromaque supplie Pyrrhus de la sacrifier à la place de son fils.

·               Hermione accuse Pyrrhus d’aimer Andromaque et lui ordonne d’aller la rejoindre…deux ordres contradictoires dans les deux extraits.

·               Andromaque demande à Pyrrhus d’arrêter ( « arrêtez », v. 12) et Hermione lui demande de continuer, de partir ( « va, cours », v. 20).

·               Leurs attitudes sont également très différentes : Andromaque le supplie, en utilisant la tonalité pathétique ( « Dieux ! Ne pourrais-je au moins toucher votre pitié ? » v. 15) alors qu’Hermione le menace dans le dernier vers (« Mais crains encor d’y trouver Hermione »).

2. Quels sont les rôles de Phœnix et de Céphise ici ?

3. Entre le début et la fin de l’extrait, montrez qu’il y a une évolution dans l’attitude de Pyrrhus et d’Andromaque. Analysez notamment les types de phrases utilisés.

4. Quelle réplique de Pyrrhus pousse Andromaque à s'adresser à lui ? Pourquoi ?

5. Comment s’exprime alors son dolor ?

6 . GRAMMAIRE Relevez les participes passés, et pour chacun d’eux, indiquez s’il est accordé ou non et pourquoi.

(► texte écho)

7. Quels reproches Hermione adresse-t-elle à Pyrrhus ?

8. Relevez et commentez les apostrophes.

9. Selon vous, peut-on dire qu’Hermione est aussi dans un état de dolor ?

Texte1: Chantage amoureux Texte 1/ Texte écho

 

Chantage amoureux

Texte 1/ Texte écho

Texte 1: Jean Racine, Andromaque, acte I, scène 4, 1667.

  Texte écho: Jean Racine, Andromaque, acte II, Scène 2, 1667.

Texte 1
Oreste, envoyé par les Grecs, vient de réclamer Astyanax à Pyrrhus, qui a refusé d'accéder à sa demande.
Texte écho
Jean Racine, Andromaque (1667)
Oreste, amoureux d'Hermione, vient de lui apprendre que Pyrrhus protègerait Astynax ; il lui demande de partir avec lui.
PYRRHUS.
– Me cherchiez-vous, Madame ?
Un espoir si charmant me serait-il permis ?
ANDROMAQUE.
– Je passais jusqu’aux lieux où l’on garde mon fils.
Puisqu’une fois le jour vous souffrez1 que je voie
Le seul bien qui me reste et d’Hector et de Troie,
J’allais, Seigneur, pleurer un moment avec lui :
Je ne l’ai point encore embrassé d’aujourd’hui.
PYRRHUS.
– Ah ! Madame, les Grecs, si j’en crois leurs alarmes,
Vous donneront bientôt d’autres sujets de larmes.
ANDROMAQUE.
– Et quelle est cette peur dont leur cœur est frappé,
Seigneur ? Quelque Troyen vous est-il échappé ?
PYRRHUS. – Leur haine pour Hector n’est pas encore éteinte.
Ils redoutent son fils.
ANDROMAQUE.
– Digne objet de leur crainte !
Un enfant malheureux, qui ne sait pas encor2
Que Pyrrhus est son maître, et qu’il est fils d’Hector.
PYRRHUS.
– Tel qu’il est, tous les Grecs demandent qu’il périsse.
Le fils d’Agamemnon vient hâter son supplice.
ANDROMAQUE.
– Et vous prononcerez un arrêt3 si cruel ?
Est-ce mon intérêt qui le rend criminel ?
Hélas ! on ne craint point qu’il venge un jour son père ;
On craint qu’il n’essuyât les larmes de sa mère.
Il m’aurait tenu lieu d’un père et d’un époux ;
Mais il me faut tout perdre, et toujours par vos coups.
PYRRHUS.
– Madame, mes refus ont prévenu4 vos larmes.
Tous les Grecs m’ont déjà menacé de leurs armes ;
Mais dussent-ils5 encore, en repassant les eaux,
Demander votre fils avec mille vaisseaux ;
Coûtât-il tout le sang qu’Hélène a fait répandre ;
Dussé-je6 après dix ans voir mon palais en cendre,
Je ne balance point, je vole à son secours :
Je défendrai sa vie aux dépens de mes jours.
Mais parmi ces périls où je cours pour vous plaire,
Me refuserez-vous un regard moins sévère ?
Haï de tous les Grecs, pressé de tous côtés,
Me faudra-t-il combattre encor vos cruautés ?
Je vous offre mon bras. Puis-je espérer encore
Que vous accepterez un cœur qui vous adore ?
Jean Racine, Andromaque, acte I, scène 4, 1667.
HERMIONE.
– Mais, Seigneur, cependant, s’il épouse Andromaque ?

ORESTE. – Hé ! Madame.

HERMIONE.
– Songez quelle honte pour nous
Si d’une Phrygienne1 il devenait l’époux !

ORESTE.
 – Et vous le haïssez ? Avouez-le, Madame,
L’amour n’est pas un feu qu’on renferme en une âme :
Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux ;
Et les feux mal couverts n’en éclatent que mieux.

HERMIONE.
– Seigneur, je le vois bien, votre âme prévenue
Répand sur mes discours le venin qui la tue,
Toujours dans mes raisons cherche quelque détour,
Et croit qu’en moi la haine est un effort d’amour.

[Hermione confie une mission à Oreste : convaincre Pyrrhus de livrer Astyanax aux Grecs.]

Enfin qu’il me renvoie, ou bien qu’il vous le livre.
Adieu. S’il y consent, je suis prête à vous suivre.
Jean Racine, Andromaque, acte II, scène 2, 1667.

1. Acceptez.
2. Encor peut s’écrire sans « e » final, afin de conserver douze syllabes dans l’alexandrin.
3. Une décision.
4. Devancé.
5. Même s’ils devaient.
6. Même si je devais.

1. De Phrygie, ancien pays d’Asie Mineure, dont Andromaque est originaire.


                               

 

Objectif

Comprendre le nœud de l’intrigue.

Paul Strudel, Mater dolorosa, 1711 - 1717, marbre, église des Capucins, Vienne, Autriche.



·               La mater dolorosa (ou « mère de douleurs ») est la représentation d’une mère éplorée. Souvent utilisée pour montrer les souffrances de la Vierge Marie à la mort de son fils Jésus, c’est aussi un thème universel.

Que veut Pyrrhus ?

Que veut Andromaque ?

Texte écho: Comparez la situation d’Hermione à celle d’Andromaque.

Que représente Astyanax pour les Grecs ? Pour Pyrrhus ? Pour Andromaque ?

GRAMMAIRE: Vers 14 et 15, distinguez le pronom relatif et les conjonctions de subordination.

Pourquoi évoquer la situation d’Astyanax par une phrase complexe ?

Montrez qu’Andromaque apparaît comme une mater dolorosa.

Quelle image Pyrrhus cherche-t-il à donner de lui dans sa dernière tirade ? Pourquoi ?

À votre avis, comment Andromaque répondra-t-elle à la dernière question de Pyrrhus ?

Texte écho: Selon Oreste, que dissimule Hermione ?

Texte écho: Relevez les deux champs lexicaux opposés.

·               L’amour:

·               La haine: 

Andromaque depuis l’Antiquité

 Andromaque depuis l’Antiquité

Homère (VIIIe siècle av. J.-C.)
Poète grec de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. On lui attribue notamment l’épopée L’Iliade, le premier texte qui mentionne Andromaque.
Texte B
  Bientôt, elle parvient jusqu’à la tour, à travers la foule des guerriers, et s’arrête sur le mur en regardant de toutes parts. Alors elle voit Hector, traîné devant les remparts de la ville ; des coursiers rapides emportent outrageusement son cadavre vers les vaisseaux des Grecs. […] Enfin, revenue à elle-même, et reprenant ses esprits, elle répand des pleurs accompagnés de sanglots, et s’écrie au milieu des Troyennes : « Hector, que je suis malheureuse ! […] Maintenant te voilà dans les demeures d’Hadès, profonds abîmes de la terre, tandis que moi, dans un deuil éternel, tu me laisses veuve au sein de nos foyers. Ce fils encore enfant, auquel, malheureux, nous avons donné la vie, Hector, puisque tu n’es plus, tu ne seras point son appui, et lui ne sera jamais le tien. »

Homère, L’Iliade, chant XXII, VIIIe s. av. J.-C., trad. du grec ancien de Jean-Baptiste Dugas-Montbel, 1828.
Euripide (Ve siècle av. J.-C.)
Il est l’un des trois grands dramaturges grecs du Ve siècle av. J.-C. Andromaque intervient dans ses pièces Andromaque et Les Troyennes.
Texte C
ANDROMAQUE. ‒ J’ai vu mon époux, Hector, tué par Achille, et le fils que je lui avais donné, Astyanax, jeté du haut d’une tour, quand les Grecs se furent emparés du sol troyen ; moi-même esclave, moi qui passais pour être issue de la plus noble maison, j’arrivai en Grèce […]. Pour moi, j’ai donné ici le jour à un fils1, fruit de mon union avec le rejeton d’Achille, avec mon maître. Et d’abord, malgré les maux qui m’accablaient, j’espérais toujours trouver dans cet enfant un appui, un soulagement à mes infortunes ; mais depuis que mon maître, dédaignant la couche de son esclave, a épousé Hermione de Lacédémone, je suis accablée par elle des plus cruels traitements. Elle dit que par des philtres secrets je la rends stérile et odieuse à son époux, que je prétends m’établir à sa place dans cette demeure et la chasser violemment de son lit. Or, ce lit, j’y ai pris place jadis malgré moi, et aujourd’hui je l’ai quitté pour toujours ; oui. Jupiter sait que j’ai partagé, contre mon gré, la couche de Pyrrhus.

Euripide, Andromaque, Ve s. avant J.-C., trad. du grec ancien d'Émile Pessonneaux, 1880.
Jean Racine (1639 - 1699)
Grand auteur de tragédies classiques du XVIIe siècle. Celles-ci s’inspirent des mythes antiques.
Texte D
[M]es personnages sont si fameux dans l’Antiquité, que pour peu qu’on la connaisse, on verra fort bien que je les ai rendus tels que les anciens poètes nous les ont donnés.
Jean Racine, Andromaque, « Première Préface », 1667.
Andromaque, dans Euripide, craint pour la vie de Molossus, qui est un fils qu’elle a eu de Pyrrhus, et qu’Hermione veut faire mourir avec sa mère. Mais ici il ne s’agit point de Molossus. Andromaque ne connaît point d’autre mari qu’Hector, ni d’autre fils qu’Astyanax. J’ai cru en cela me conformer à l’idée que nous avons maintenant de cette princesse. Je doute que les larmes d’Andromaque eussent fait sur l’esprit de mes spectateurs l’impression qu’elles y ont faite, si elles avaient coulé pour un autre fils que celui qu’elle avait d’Hector.
Jean Racine, Andromaque, « Seconde Préface », 1676. 

Séquence II Jean Racine, Andromaque (1667)

 

Séquence II

Jean Racine, Andromaque (1667)

Objectifs du chapitre : 

Problématique

   En quoi Andromaque et Hermione constituent-elles deux facettes d’une héroïne tragique ?

Andromaque depuis l’antiquité

   La tragédie Andromaque a été écrite par Jean Racine. C’est une pièce de théâtre en 5 actes et en alexandrins, représentée pour la première fois en 1667 au Château du Louvre.

   L’intrigue est simple : Oreste aime Hermione, Hermione aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui est fidèle au souvenir de son mari, Hector, tué pendant la guerre de Troie. Il s’agit d’une chaîne amoureuse à sens unique. Racine, pour cette pièce, s’est inspiré des chants de L’Illiade d’Homère.

Comprendre le contexte de la pièce

   La scène se passe dans la région de l’Épire en Grèce, après la guerre de Troie. Les personnages sont des Fils ou des filles de rois.

   Texte A

   ANDROMAQUE, veuve d’Hector, captive de Pyrrhus.
PYRRHUS, fils d’Achille, roi d’Épire.
ORESTE, fils d’Agamemnon.
HERMIONE, fille d’Hélène, accordée1 avec Pyrrhus.
PYLADE, ami d’Oreste.
CLÉONE, confidente d’Hermione.
CÉPHISE, confidente d’Andromaque.
PHŒNIX, gouverneur d’Achille, et ensuite de Pyrrhus.
Jean Racine, Andromaque, 1667.

   L’intrigue montre une chaîne amoureuse fatale : Oreste aime Hermione, promise à Pyrrhus qui lui, est amoureux d’Andromaque, alors que cette dernière veut rester fidèle à son défunt époux Hector, et sauver son fils Astyanax.

   L’enchaînement est cruel: Oreste fait tuer Pyrrhus à la demande d’Hermione, qui se suicide, et Oreste devient fou.

   L’enchaînement est cruel: Oreste fait tuer Pyrrhus à la demande d’Hermione, qui se suicide, et Oreste devient fou.

L’action se passe dans une seule salle, au palais de Pyrrhus. Les indications temporelles ne sont pas précisées, mais on comprend que le mariage de Pyrrhus et Andromaque a lieu le soir (acte V), alors qu’Oreste est arrivé le matin même (acte I).

1. Qu’est-ce qui déclenche la guerre de Troie ?

   C'est le prince troyen Pâris qui déclenche la guerre. Il a enlevé Hélène alors qu’elle est mariée au puissant roi grec Ménélas. Ce dernier réunit l’ensemble des rois grecs autour de son frère, Agamemnon, pour attaquer Troie et ramener Hélène.

2. Qui remporte la victoire ?

   Les Grecs remportent la victoire grâce à la ruse d’Ulysse. Il construit une armature en bois de la forme d’un cheval.

3. Grecs ou Troyens ? Classez les personnages suivants selon leur camp :

   Andromaque

   Pyrrhus

   Hector

   Achille

   Hermione

   Hélène

   Oreste

   Astyanax

4. Cherchez l’étymologie du nom « Andromaque ». Que nous révèle-t-elle de ce personnage ?

   Le nom « Andromaque » vient du grec ancien Andromakhè et signifie «  celle qui combat comme un homme » ou «  celle qui combat les hommes ».

5. Texte A Observez la manière dont sont présentés les personnages. Qu’est-ce qui différencie Andromaque de Pyrrhus, d’Oreste et d’Hermione ?

   Pyrrhus, Oreste et Hermione sont tous trois décrits comme des « fils / fille de » : ils n’appartiennent pas à la génération des héros de la guerre de Troie mais à celle de leurs enfants.

   Au contraire, Andromaque est décrite comme « veuve » : elle appartient à une autre génération, celle des héros de la guerre, comme son mari Hector.

6. À quel moment se situe la pièce, par rapport à la guerre de Troie ?

   La pièce se situe après la guerre de Troie.

7. Comment le savez-vous ?

   En effet, Hector, le prince et héros troyen, est mort puisque Andromaque est décrite comme « veuve d’Hector ». En outre, l’héroïne éponyme est « captive de Pyrrhus », un Grec : après la guerre, les Troyens ont été réduits en esclavage par les Grecs.

De l'épopée à la tragédie classique : l’évolution d’Andromaque

Homère (VIIIe siècle av. J.-C.)

   Poète grec de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. On lui attribue notamment l’épopée L’Iliade, le premier texte qui mentionne Andromaque.

Clément Gontier, illustration pour L’Iliade d’Homère, 1930, Henri Laurens éditeur, Paris

Euripide (Ve siècle av. J.-C.)

   Il est l’un des trois grands dramaturges grecs du Ve siècle av. J.-C. Andromaque intervient dans ses pièces Andromaque et Les Troyennes.

Jean Racine (1639 - 1699)

   Grand auteur de tragédies classiques du XVIIe siècle. Celles-ci s’inspirent des mythes antiques.

Johan Ludwig Lund, Pyrrhus et Andromaque sur la tombe d’Hector, 1807 - 1811, huile sur toile, 234 × 308 cm, Galerie nationale du Danemark, Copenhague.

Texte B et C: Comparez la situation et l’attitude d’Andromaque chez Homère et chez Euripide.

    Chez Homère, Andromaque n’est pas le personnage principal. Elle n’est pas dans l’action mais dans la réaction face aux événements : « elle voit » , «  elle répand des pleurs… ». Dans l’épopée, l’action se réalise entre hommes et c’est pour cela qu’Andromaque déplore la mort de son mari : «  tu ne seras pas son appui… ».

   Au contraire, Dans la tragédie d’Euripide, Andromaque devient héroïne après la guerre de Troie, lorsqu’elle devient captive de Pyrrus.

   Elle doit faire face à des problèmes différents : elle ne pense plus à l’éducation de son fils car elle est victime de la jalousie d’Hermione.

Texte C: Pourquoi la situation d’Andromaque est-elle tragique?

   Captive de Pyrrus et se présente comme une « esclave ».

   Victime de la jalousie d’une autre femme, Hermione : «  je suis accablée par elle … »

   Expressions qui marquent la soumission : «  malgré moi », «  contre mon gré ».

   Elle suscite la compassion en évoquant la mort de son mari et de son fils.

   Le lexique employé révèle une tonalité pathétique : « les maux qui m’accablent », « mes infortunes », «  cruels traitements ».

Quelles modifications Racine a-t-il apportées à l’histoire d’Andromaque ?

    Andromaque de Racine n’a pas perdu son fils Astyanax.

    Chez Euripide, Astyanax  est jeté du haut d’un rocher et Andromaque se bat pour un autre fils, Molossus, qu’elle a eu avec Pyrrus.

    Chez Racine, Pyrrus veut épouser Andromaque mais dans la version d’Euripide, il a partagé sa couche avec elle en tant que maître avec son esclave.

    Chez Euripide, Hermione a déjà épousé Pyrrus.

Comment justifie-t-il ces changements ?

   Racine justifie ces changements en expliquant qu’il a voulu respecter « l’idée que nous avons maintenant de cette princesse » (l. 6-7), c’est-à-dire une femme vertueuse et surtout fidèle à son mariage avec Hector. L’adverbe « maintenant » montre que, selon Racine, les sentiments des spectateurs du XVIIe siècle sont différents de ceux de l’Antiquité : ils seraient par exemple plus attachés à la fidélité maritale que ceux de l’Antiquité.

  Pensez-vous, comme Racine, que les spectateurs seraient moins touchés par les larmes d’Andromaque pour Molossus ? Justifiez.

Dossier de la BNF

    Sur le mythe de Troie

    http://expositions.bnf.fr/homere/v/51/tv.htm

    Sur les héros et héroïnes homériques

    http://expositions.bnf.fr/homere/v/41/index.htm

Texte 2: Deux héroïnes face à Pyrrhus

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